Monsieur le Bourgmestre, mesdames messieurs les Echevin.e.s, chers collègues,

Je voudrais d’abord commencer cette réaction à la déclaration de politique communale par un scoop exclusif : je n’ai pas voté PS aux élections communales d’octobre dernier. J’ai pourtant lu attentivement votre programme mais il ne m’a pas semblé, 2ème scoop, être le plus pertinent pour l’avenir de notre commune.

Compte tenu de votre choix de négocier les arbitrages politiques avec vous-même dans la foulée des élections, il n’est pas étonnant que la déclaration de politique communale traduise fidèlement votre programme et non le mien. Sur cette base vous ne serez donc pas étonnés que nous ne le soutenions pas. Ceci n’exclut évidemment en rien une lecture qui se veut impertinente mais constructive.

Deuxième remarque contextuelle, la DPC est un devis de travaux sans chiffres, un document coincé entre le pacte de majorité, les élections régionales et fédérales et le PST. Cela se ressent. A la fois par son imprécision sur les moyens financiers et humains, sur une série d’enjeux, par son absence d’indicateurs clairs et d’objectifs à atteindre, mais aussi, pour reprendre l’expression publicitaire, par sa volonté d’offrir un peu de tout. Au-delà des lettres, il faudra atterrir pour donner du corps aux ambitions affichées, surtout si celles-ci sont floues.

Venons-en au fond. Je pointerais 3 catégories : les promesses, les « déjà vu » et les absences.

Les promesses.

Proposition phare du parti socialiste : l’annonce d’une prime pour les familles avec enfants en âge scolaire (3-18 ans) de 50 euros par ménage. Avec un impact estimé, sauf erreur de ma part, à 150 000 euros pour les finances communales.

Nous nous interrogeons par rapport aux moyens et à la pertinence de cette prime.

En matière de moyens, je lis avec plaisir que la commune peut se permettre cette dépense substantielle. Je m’interroge néanmoins. En décembre 2017, je vous avais demandé monsieur le Bourgmestre s’il était possible d’apporter du temps de travail complémentaire au service environnement pour mener à bien ses missions en matière de mobilité. Vous m’avez donc répondu que ce type de mesures viendrait inexorablement à augmenter la fiscalité à Wanze. Alors monsieur le bourgmestre, quid de l’impact de la prime scolaire ?

150.000 euros donc, c’est une somme. On peut faire beaucoup de choses dans notre commune avec 150.000 euros. En matière d’enseignement, vous identifiez d’ailleurs des objectifs divers : gratuité d’un repas semaine, progressivité tarifaire des repas, éveil aux langues. Des mesures qui confortent l’école dans son rôle d’épanouissement, d’éveil mais aussi d’équité sociale.

Equité : je m’arrête sur ce mot. L’équité, c’est considérer que les enfants ne partent pas tous de la même ligne de départ. Par des mesures progressives, on peut combler tant que faire ce peu ce constat. Ca doit être la priorité sur le plan politique.

Egalité : c’est considérer qu’on peut donner la même chose indistinctement à tout le monde. Alors que l’école est précisément le lieu où les enfants souffrent le plus en se comparant aux autres. Dans ce cadre-là, un prime équivalente pour chaque famille peu importe les conditions de revenus a-t-elle du sens ? N’est-il pas plus juste d’investir pour le confort et l’épanouissement de chaque enfant de nos écoles, peu importe si ils viennent de Wanze, Huy, Amay ou Villers ?  Bien plus que pour la prime sport, somme tout incitative, on touche là à une question de sens et de priorités.

D’autres projets sont annoncés par la majorité, j’y reviens plus succinctement :

  • Une halte-garderie : nous soutenons l’initiative pour autant qu’elle s’intègre dans une logique de cohésion sociale. Outre des tarifs qu’on ne retrouve pas ailleurs pour les publics précarisés, les halte-garderie peuvent permettre aux personnes à la recherche d’un emploi ou en situation précaire sur le plan professionnel, pensons aux personnes qui accumulent les intérim à mi-temps, de faire face à leur situation et d’y répondre au mieux grâce au soutien de la halte-garderie. Pour les enfants, nous recommandons prioritairement que l’encadrement et l’accès à l’espace soit récurrent et réponde à un rythme identifié. L’enfant a en effet besoin de repères clairs, de visages et de lieux connus pour mieux s’épanouir à cette période de la vie.
  • Une épicerie sociale avec une collaboration possible avec les producteurs locaux. Beau projet sur le papier. Nous appelons à ce qu’il soit complété dans sa logique tant en amont via la mobilisation de terres pour la culture et le maraichage qu’en aval via la création d’un restaurant solidaire. A ce niveau-là, des partenariats avec l’Hôpital ou le CPAS d’Amay sont possibles.
  • Citons encore : enfin une étude sur l’affectation des bâtiments en fin de vie, une volonté de poursuivre l’effort en matière de primes énergétiques en mettant en valeur les citoyens actifs. Nous avions fait cette proposition lors d’une commission constructive sous la précédente législature. Un soutien aux indépendants qui se lancent. Une initiative bien utile et qui répond à une situation de fait où la commune pouvait apparaitre comme procédurière en la matière.

 

Du déjà vu

  • En matière de logement : l’engagement logement est-il vraiment neuf sachant que la commune marque son intention depuis plusieurs années d’imposer ou de négocier des parts de logements publics ou gérés via l’AIS lors du dépôt de projets de la part des promoteurs immobiliers. Avez-vous pu intégrer cette demande dans le cadre du lotissement prévu sur le plateau de Naxhelet ? Sur ces questions, quid par ailleurs d’une réflexion de la commune sur l’évolution des besoins en matière de colocation ou d’habitat léger.
  • En matière de politique énergétique, vous parlez dans des termes vagues ou prudents, d’une coopérative citoyenne qui utiliserait de futurs PV installés sur les résidus de toits des bâtiments publics. On s’interroge sur le caractère opérationnel du montage et l’absence de liens directs avec le projet d’une éolienne citoyenne. A ce sujet vous indiquez que vous « évaluerez la possibilité d’investir dans l’énergie éolienne ». C’est très bien. Vous en parlez depuis 7 ans. Nous avons hâte d’entendre votre thèse de doctorat sur le sujet.
  • Concernant l’école de Vinalmont, on annonce une grande consultation 5 ans après les plans remis par la commune à la Fédération WB. Plans qui ne tenaient pas compte des réserves de l’opposition sur la capacité d’accueil du nouveau projet. Sur cette question, je rappelle que l’accueil dans de bonnes conditions, c’est aussi gérer ici et maintenant notamment la question des flux de mobilité autour de l’école. On m’a dit en débat électoral que « tout était mis en œuvre sur le sujet ». Je constate au quotidien que ce n’est pas le cas.
  • Les fêtes à Wanze. Ah les fêtes à Wanze, l’arlésienne des promesses de la majorité. Le sujet n’est pas simple mais on peut compiler les discours et engagements sur le sujet. Je doute toutefois qu’on puisse en tirer une bonne pièce de théâtre.
  • Les véhicules partagés. On a proposé le point au conseil. Réponse à l’époque prudentissime du Collège. On n’est pas plus avancé depuis contrairement à d’autres communes wallonnes. Coût marginal pour la commune, période test, intérêt pour diminuer le nombre de véhicules, particulièrement de second véhicule. Alors qu’est-ce qu’on attend ?
  • Les études de mobilité, d’aménagement du territoire, d’égouttage, de commerce, sur l’hypercentre de Wanze. On nous avait annoncé les résultats avant les élections. On se tâte toujours sur leur mise en œuvre pleine et entière. Comme souligné avant les élections, ces processus, acquis par la mobilisation citoyenne contre un projet, soutenu à priori par la majorité précédente, font l’impasse sur le développement en dehors de l’hyper-centre de la commune. Nous avions proposé des ateliers de l’aménagement du territoire, vous parlez d’ateliers du futur. Le futur se décline aussi à Antheit, Bas-Oha, Huccorgne, Vinalmont et Moha.
  • Une application participative pour permettre aux citoyens de faire suivre leur demande d’intervention sur le domaine public. Tiens tiens. Proposé par Ecolo sous la précédente législature. A l’époque, certains membres du Collège avait eu l’élégance de comparer la proposition aux heures sombres de l’histoire. Ont-ils à nouveau sursauté en Collège ?

 

Des absences

Où sont les objectifs et indicateurs de la commune pour avancer ces priorités ?

  • Rien en matière de politique sociale
  • Rien en matière de logement
  • Rien en matière de mobilité. Le vélo est cité mais quel est l’objectif de la majorité en matière de transfert modal ?
  • Rien en matière d’énergie si ce n’est des références nationales. Quelle est l’ambition ? Où en est-on par rapport aux efforts déjà engagés ?
  • Rien matière de 0 déchet et d’environnement. Le terme est cité mais que renferme-t-il comme projets ?
  • Rien matière de gestion du patrimoine

  • Energie, mobilité, environnement : peut-on être crédible sans les ressources humaines qui vont avec ? On nous parle de l’importance de la qualité de l’air. C’est bien mais quel est le plan d’attaque ?

 

Les intentions fermes de votre DPC sont marginales. Nous espérons que cela n’augure pas un PST du même moule.

J’en termine.

Nous sommes également très déçus de l’absence affichée d’une politique de mobilité scolaire ambitieuse. Il s’agit là d’une thématique pour laquelle la commune a la main, des moyens potentiels pour mettre en œuvre une politique de transition vers une mobilité plus douce. A-t-elle peur de son ombre ? A ce sujet je voudrais également pointer la question de la sécurisation des abords des crèches absente du texte.

Nous constatons également l’absence de la thématique de la gouvernance. La gouvernance, c’est une commune plus transparente, plus respectueuse des idées et opinions de chacun. Via une retransmission des débats du conseil sur le web par exemple, via une ouverture du Wanze info aux partis politiques, via des signaux d’ouverture dans les instances démocratiques. On s’en éloigne depuis quelques semaines.

La bonne gestion communale n’est pas qu’un exercice comptable, c’est un tout, c’est une occasion de construire la commune de demain ensemble avec ambition et réalisme. Nous ne considérons pas que le texte proposé réponde à ces enjeux. Raison pour laquelle nous voterons contre cette DPC.

 

Je vous remercie pour votre attention,

Nicolas Parent

Chef de groupe Ecolo-Wanze